Juin, de Juana de Ibarbourou

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La soirée pleine d'iris.

Une cloche de bronze foncé
Les pures, claires mains du archange
Fondent là dans la forêt.

Les claires, pures mains du archange
Pourvu qui les moules craquelent!

La soirée pleine d'iris
Et avec les tempes sanglantes
S'est tendue sous le bouclé
Vert falbala du torrent.

Le jour, le jour qui se noie.

L'archange, un petit nard
Orfèvre d'argent si fine
Martèle doucement la cloche
Et ses larmes chaudes glissent.

La forêt entière s'allume
À la fleur de ses épines.

L'ombre toute se répand
Par les villes et les chemins.

La soif de les vents plus noirs
Boit le parfum des iris.

Ah juin sombre, tu me blesses
Comme le fil d'une canif.
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De "Poemas" (1942)
Traduction: M. Ferreiro.
Photo: Montevideo.